Les origines de l'Ordre : 1885-1896
Le regroupement professionnel des médecins est une évidence qui s’est toujours imposée, l’histoire de l’exercice médical le prouve.
Dans le monde antique, il semblerait que l’existence des « collèges de gens de métier » étaient connus et en Grèce les écoles de médecine regroupaient l’ensemble des médecins, les « Hétairies », séparées en deux instances : la première aurait regroupé les médecins qui, sur leur demande, auraient été acceptés dans la « confrérie », la seconde réunissant les membres les plus influents, sorte de « bureau », chargé de prendre des décisions et de contrôler la profession. Ces conditions ont été considérées comme pouvant prétendre être comparées à l’égal d’un « Ordre » des médecins, d’après Mme Samama. Le serment d’Hippocrate : « J’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté », se présentant comme un « contrat social », n’est-il pas déjà l’ébauche confirmée d’un premier code de déontologie… ? A Athènes, le monument de Sarapion rappelle les devoirs du médecin : « Qu’il soit l’égal des esclaves, des pauvres, des riches et des rois et prodigue ses soins à tous comme un frère », texte qui à l’évidence préfigure l’article 7 de notre code de déontologie médicale actuel. A Rome existaient des « collegia », l’empereur romain Julien (331-363) ayant promulgué une loi imposant l’obligation d’être approuvé par un « collège » de médecins pour exercer la médecine, et ces pratiques se répandirent dans la Gaule romaine (associations de Medici et d’ Unctores).
Au Moyen Age, en France, apparaissent les « confréries » ( XIIème siècle), d’esprit religieux certes, contrôlées par les ordonnances royales, imposant des « jurandes » (statuts). Le « livre des métiers », institué par E. Boileau, aboutit à distinguer les médecins de robe longue, les chirurgiens, les barbiers.
Au XIIIème siècle, en 1260, apparaissent les confréries de chirurgiens, les premières universités de médecine (la 1ère à Montpellier déjà en 1220 !) qui veillent sur la profession, son honneur, son indépendance, son monopole d’exercice par des docteurs en médecine, les chirurgiens se constituant en « corporations » (1360). Au XVIIIème siècle, les « corporations » se développent dans le ressort des Facultés tandis que des écoles de chirurgie puis l’Académie royale de chirurgie sont créés (1743). Jean Verdier publie un « traité de déontologie » (1762), passant en revue des règles professionnelles qui est un appel à la réglementation : « Si on jette les yeux vers l’infinité d’abus qui troublent l’exercice d’un art aussi salutaire, on sera porté à croire qu’il serait utile que la médecine connut un tribunal particulier ». Il faut noter aussi que l’impératrice d’Autriche, Marie-Thérèse de Habsbourg, promulgue en 1753 à Vienne, capitale « médico-chirurgicale » de l’Europe, un « Ordre principal de la médecine » (Haupt Medizinal Ordnung).
La révolution française de 1789 abolit les corporations en raison d’un « corporatisme contraignant les libertés » et aussi pour mettre fin à leurs pouvoirs (loi Le Chapelier 14 et 17 août 1791).
Après cette date et la disparition des corporations, Napoléon, qui avait créé un « Ordre » des Avocats, ne jugea pas nécessaire de codifier les règles de l’exercice médical, à l’exception de la promulgation en 1810 de l’article « 378 du code pénal » concernant le secret médical.